Dans l’univers festif de Mathilde Brosset

Entourée de ses bouts de papiers, Mathilde Brosset s’est créé un univers qui célèbre ce qu’elle aime : la fête, le spectacle, la musique, les déguisements. Son dernier album, Ribambelle, est un hommage festif à la légende d’Arlequin, célèbre personnage de la commedia dell’arte. Ce livre rythmé en ritournelle, jouant sur la répétition et l’accumulation, sort en librairie après avoir été distribué aux élèves de première maternelle en Fédération Wallonie-Bruxelles dans le cadre du Plan Lecture.

Comment est né le livre Ribambelle ?

J’ai toujours aimé le carnaval. En février, je guette le jour où les enfants se rendent à l’école déguisés en Indien, fée ou dragon. De leur doudoune d’hiver dépassent une baguette magique, une cape ou un chapeau de sorcière. Je trouve fascinant ce défilé bariolé dans les rues de la ville. Le livre est né de cette envie de dessiner cette ribambelle d’enfants.

Pourquoi avoir choisi la légende d’Arlequin ?

J’ai travaillé pendant trois ans au Musée international du Carnaval et du Masque à Binche. J’y ai découvert les différents personnages typiques du carnaval : le Gille, le paysan, le marin…. Parmi eux, mon préféré était Arlequin et j’introduisais nos ateliers créatifs en racontant l’une des légendes qui entoure la confection de son costume : celle d’un petit garçon pauvre dont le déguisement est composé de plusieurs losanges de tissus empruntés aux costumes de ses amis.

Présent dans la commedia dell’arte au même titre que Pierrot, Colombine ou Polichinelle, il est l’un des personnages phare du théâtre italien. À l’origine, Arlequin est naïf, gourmand et paresseux. Les losanges de son costume représentent les différentes facettes de son caractère.

Ces différentes interprétations d’Arlequin m’ont servi de prétexte à la réalisation d’une galerie d’enfants aux costumes parfois invraisemblables. C’est aussi une référence au théâtre que j’aime évoquer dans mes albums. Un clin d’œil à Franquin aussi, qui, dans Gaston, s’amuse à imaginer des costumes loufoques ponctués de la phrase « Oui mais… si on danse ? ».

Comment as-tu construit le texte ?

À voix haute, comme une ritournelle. La comptine a toujours eu une place importante dans mon travail. Elle a souvent été le point de départ de mes histoires. Pour Ribambelle, j’ai voulu un texte court qui joue sur les sonorités et qui peut être lu comme chanté. Trouver les mots « qui sonnent » et les rimes justes est une gymnastique de l’esprit stimulante. La répétition structure le texte. Certains mots sont venus en premier comme la matière des tissus (flanelle, dentelle, plumes) ou des mots comme vent, ciel, aile, qui évoquent la douceur ou la légèreté.
Enfin, chaque enfant porte le nom d’un proche ou d’enfants croisés lors de mes ateliers en classe. Une manière pour moi de brosser un portrait des enfants qui m’aident à imaginer de nouvelles histoires.

Peux-tu nous décrire ta technique d’illustration ?

Je travaille en collage et, en choisissant la légende d’Arlequin, je fais aussi une référence à cette technique d’illustration. Comme les bouts de tissus qui constituent le costume de Nils, je coupe des morceaux dans des aplats de peinture, des magazines d’art ou du papier calque coloré aux crayons de couleur. Ensuite, je reconstitue les différents éléments afin de former mon image. La couleur a une place importante dans mes dessins. C’est elle qui m’aide à composer mes images.

Comment t’es-tu adaptée à l’âge du public ?

Se déguiser pour incarner un personnage, se cacher derrière un masque, ça n’intéresse pas que les enfants. Je reste convaincue qu’un livre doit se penser pour les lecteurs adultes et les enfants qui les écoutent. Le plaisir que prendra un adulte en lisant est communicatif. En revanche, la structure du texte et des images interpellera les plus petits. Graphiquement, les enfants s’amuseront à associer les losanges qui s’accumulent sur la page de gauche avec les costumes de la page de droite. L’alternance du noir et blanc contraste de manière directe avec les dessins des personnages et permet une lecture simple et directe. L’évocation des couleurs s’inscrit dans l’apprentissage des classes de préscolaire tout comme celle des émotions.

Des thèmes forts comme la différence, la pauvreté, l’amitié et l’entraide sont pour moi des notions primordiales à évoquer dès le plus jeune âge. Enfin, la ritournelle sollicitera l’oreille du jeune lecteur. Il trouvera dans la poésie des mots et la répétition des phrases des sons qu’il retiendra facilement.

Le livre Ribambelle est accompagné de documents d’exploitation disponibles en ligne : un cahier d’exploration qui propose quelques pistes d’animations et de réflexions autour de l’album, et ses supports à imprimer pour réaliser les activités.

Découvrez Mathilde Brosset et Ribambelle en vidéo !