Dans l’univers de Marcel et Odilon

À mi-chemin entre l’album jeunesse et la bande dessinée, le dernier livre de Noémie Favart fait la part belle à l’humour et aux émotions. Il met à l’honneur de merveilleux personnages qui aiment écouter la pluie chanter sous les tournesols, assister à la course annuelle de la Grande Laitue, et surtout faire la fête avec leurs amis. Rencontre avec une jeune illustratrice au talent confirmé, dont l’univers drôle et fantaisiste vous charmera à coup sûr !

Noémie, quelle est l’origine de Marcel et Odilon ?

Marcel et Odilon sont nés pour une plaquette pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans le cadre de la Fureur de Lire. Il s’agit d’un petit livre, distribué gratuitement dans les écoles, les foires du livre etc. L’idée était de lier deux personnages tout à fait différents : d’un côté Odilon, un jeune escargot fougueux, et de l’autre Marcel, une coccinelle un peu bourrue.

J’ai décidé de faire une histoire d’escargots parce que j’adorais ça quand j’étais petite. J’allais en chercher dans le terrain vague à côté de chez moi et je faisais des élevages. Ils avaient des noms, mouraient, avaient des pierres tombales… C’était un petit clin d’œil à mon enfance.

Peux-tu nous présenter les différents personnages ?

Dans la première histoire, Les vacances de Marcel, on se rend compte que ce dernier est très sociable. Il a deux grands amis, Zélie et Bélonias, et il aime la ville, sort beaucoup. Mais il a besoin d’air et de se retrouver avec lui-même. Odilon, lui, a toujours vécu dans sa famille. Il a plutôt besoin d’indépendance et il part vivre une grande aventure dans La course d’Odilon. Dans mon esprit, il n’avait encore jamais rencontré de coccinelle, et certainement pas une comme Marcel.

La troisième histoire, Le poisson rouge, est celle d’Hypoline, une vieille escargote qui a au moins deux cents ans d’après Odilon. Je trouvais ça intéressant d’avoir trois personnages qui appartiennent à des générations différentes. On a finalement trois histoires et trois tranches d’âge qui comportent une transmission familiale, et une transmission du passé.

Qu’est-ce qui a inspiré le personnage d’Hypoline ?

Ce personnage était important pour moi. Au niveau de son caractère et de son côté un peu loufoque, je me suis inspirée d’Eugénie, une de mes grands-mères, toujours très maquillée, et un personnage un peu fou et fantasque. Quant à l’histoire du carrousel, elle me vient de mon autre grand-mère, Simone, et de mon grand-père, Victor. Pendant la guerre, celui-ci était dans la résistance et a été recherché par les Allemands. Pour leur échapper, Victor et Simone se sont joints un temps à une bande de forains. J’avais envie de faire un clin d’œil à cette époque et à mon patrimoine familial.

Pourquoi aimes-tu dessiner des détails ?

Je pense qu’il y a un côté méditatif au fait de mettre plein de petits traits. J’ai toujours adoré ces images où, de loin, on voit une sorte de masse, et quand on se rapproche, il y a plein de détails qui apparaissent. Ça se rapproche aussi de ce que j’aimais quand j’étais petite : pendant la lecture à voix haute par mes parents, je me plongeais vraiment dans l’image et c’était comme si une autre histoire se déroulait en même temps. Par exemple, pendant la grande fête d’Hypoline à la fin du livre, je trouve ça chouette d’aller retrouver les personnages, voir ce qu’ils sont en train de faire, découvrir des tas de petites scènes.

Comment as-tu fait pour dessiner à hauteur d’insecte ?

Quand je composais mes images, j’avais parfois l’impression de filmer une petite séquence. Je devais poser ma caméra un peu plus bas, avoir une ligne du sol plus présente pour pouvoir y poser mes éléments comme la petite caravane, la moto, le tapis, puis ajouter la nature qui prend forcément des dimensions différentes. C’est un peu comme quand on est petit, qu’on se met à plat ventre dans l’herbe et qu’elle devient soudain très grande.

Pourquoi avoir utilisé un format hybride entre bande dessinée et album jeunesse ?

Ce format me permet de faire parfois des cadrages rapprochés, des gros plans, des plans éloignés, d’aller poser de grands décors mais aussi aller au plus près des émotions des personnages quand je m’en rapproche pour faire un gros plan. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à faire ça.

Quel rôle joue la couleur dans ton livre ?

L’enjeu de la couleur, ce sont les ambiances lumineuses. Elles permettent de définir un moment de la journée, à l’intérieur, de créer une ambiance feutrée. Malgré tout, j’aime aussi mes dessins en noir et blanc, je trouve qu’ils existent différemment. À chaque fois que je les emmène en classe, lors de mes animations, les enfants ont une envie folle de les colorier, ce qui est assez amusant.

Quels sont tes prochains projets ?

Cette année, j’ai travaillé pour une compagnie de théâtre jeune public, la P’tite Canaille. J’ai réalisé les neuf marionnettes de son prochaine spectacle, Œil de Cobra, qui sortira l’année prochaine. C’était vraiment intéressant, de troquer le milieu du livre pour le théâtre, et de voir ces petites créatures prendre vie sur scène !

Avec Vincent Cuvellier, nous avons aussi lancé une série chez Gallimard Giboulées. Ce sont des livres pour les enfants de maternelle, et ça se passe dans une cour de récré. Le premier tome devrait sortir fin d’hiver 2022.

Et puis… comme je me suis bien amusée avec les coccinelles et les escargots, j’ai décidé de réitérer l’affaire, et un deuxième tome de Marcel et Odilon suivra !

Retrouvez en vidéo Noémie Favart dans l’univers de Marcel et Odilon !