Marine Schneider dans l’univers de Belette et Lapin
Pour mieux entrer dans la saison, voici une parution à l’atmosphère automnale, qui sent la forêt profonde, la mousse et l’humus. Dans son nouvel album, Tu t’appelleras Lapin, Marine Schneider narre une histoire qu’elle souhaitait raconter depuis longtemps. Après l’avoir portée en elle, elle en a fait un récit fascinant et étrange, à la fois doux et mystérieux.
Parce qu’elle en parle si bien, nous avons interviewé Marine Schneider au sujet de de son métier d’autrice-illustratrice et de ce nouveau livre. Voici quelques extraits choisis d’une vidéo, à découvrir plus bas. Il y est question de la maison des trois brigands, d’allergie aux pigments, de Belette et Lapin, de la réaction des adultes et des enfants face à un étrange événement.
Les livres ont toujours été très importants pour moi. On m’en lisait beaucoup quand j’étais petite. Je me souviens très bien du son que faisaient les pages lorsque mon papa les tournait avec ses grosses mains, j’adorais ça. Et surtout, des livres, je voulais en faire : je dessinais et j’écrivais. C’est là depuis le début !
J’adorais dessiner avec des couleurs mais, toute petite, j’étais allergique aux pigments. C’est marrant, quand même, d’aimer tellement les couleurs et d’y être allergique ! Maintenant c’est passé, heureusement.
L’envie de raconter des histoires est à la base de tout. Aujourd’hui encore, il m’est difficile de me définir en tant qu’illustratrice ou autrice. Ce que j’aime, depuis l’enfance, c’est de raconter des histoires, avec les mots comme avec des images. Le texte me demande un peu plus d’effort, ça ne coule pas de source, alors que pour le dessin, c’est plus instinctif.
Enfant, je faisais des livres sans texte, mais déjà narratifs. Les histoires rythment ma vie depuis que je suis petite, et dès que j’ai pu en faire moi-même, je n’ai plus arrêté.
J’avais envie de raconter cette histoire, celle d’un énorme animal qui atterrit dans un petit village, et puis la réaction qu’allaient avoir les habitants face à cet inconnu qui dérange. Cette histoire était dans ma tête depuis longtemps sans que je sache comment la raconter. Elle est sortie de moi facilement, d’un coup, même si par la suite j’ai beaucoup travaillé dessus. J’avais besoin de raconter cette histoire.
J’adore me lancer directement sur le papier, entourée de mes pinceaux, mes pastels, mes crayons… Tout se mélange. Je travaille par couches et l’image se construit petit à petit. Ça ajoute du mystère, ce qui colle parfaitement avec Tu t’appelleras Lapin. Quand je me lance sur un dessin, je ne vois plus le temps passer, je suis entièrement plongée dans un univers que je crée.
Les enfants aiment certaines choses précises dans les livres, comme je l’ai remarqué en donnant des animations aux enfants sur Hiro, hiver et marshmallows. J’ai gardé ça en tête en écrivant Tu t’appelleras Lapin. J’ai appris au contact de mon public à travailler le rythme du texte.
Je ne suis pas très à l’aise avec le dessin des personnages que je trouve souvent trop figés. J’ai donc choisi de les dessiner au trait sur des aplats orange-corail. C’est une recherche graphique que j’ai faite pour ce livre-ci, pour donner de la vie aux personnages. Et j’ai fini par m’attacher à eux.
Belette est très mystérieuse. Au début du livre, elle a sept ans et vit toute seule dans sa maison. On ne sait pas trop pourquoi. On sent qu’elle appartient au village tout en étant différente, à part. C’est elle qui ira à la rencontre du lapin car il n’y a personne pour lui dire qu’elle ne peut pas. Elle se débrouille toute seule, mais elle est quand même petite. Elle a besoin d’être accompagnée dans la vie, et c’est Lapin qui va l’aider à grandir.
Ce qui était important pour moi, c’était ce rapport à l’étranger et à l’inconnu : comment on réagit quand quelque chose vient bouleverser complètement nos vies. Face à ce gigantesque lapin, les adultes vont se montrer plus rationnels, ils ont peur, interdisent, essaient de s’en débarrasser, alors que les enfants vont se l’approprier et l’intégrer dans leur vie. Quelles sont les réactions face à une présence dérangeante dans notre quotidien si ordonné ? C’est ça que je voulais raconter.
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