Grandir dans l’univers de Valentine Laffitte

Chaque planche de Valentine Laffitte est une œuvre en soi. Nous avons voulu restituer au mieux la beauté de ses illustrations originales faites de papiers découpés, tout en volume et foisonnement, pour faire de Grandir un livre précieux.

Outre son intérêt plastique, ce petit ouvrage rend hommage aux minuscules événements qui font évoluer un enfant, le temps d’une année, à travers les saisons. Nous avons interrogé son autrice-illustratrice sur la réalisation du livre.

Comment est né ce livre ?

À l’origine, Grandir était un travail réalisé pendant mes études d’illustration à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il a ensuite été publié une première fois sous forme de plaquette par la Fédération Wallonie-Bruxelles, à l’occasion de la Petite Fureur de lire . Il était alors conçu sur photoshop à partir de textures scannées. Cette fois-ci, pour Versant Sud, l’idée était de le retravailler avec la technique du collage, entièrement manuelle, qui a beaucoup évolué chez moi ces dernières années, pour amener de la texture. Cela permet d’aller encore plus loin dans cette représentation de la nature, un thème très présent dans le livre.

Que raconte Grandir ?

Il raconte l’histoire de Freja, une petite fille qui grandit au rythme de la nature dans laquelle elle évolue. Son parcours montre comment nous sommes connectés à ses cycles et la façon dont toutes les sensations, les souvenirs liés à cet environnement vont nous porter et nous faire évoluer.
J’ai voulu accentuer la poésie qu’il y a entre nous et le monde qui nous entoure, et la manière dont on peut puiser dedans pour s’enrichir en expériences et grandir.

Par quel processus es-tu passée ?

Je passe d’abord par un chemin de fer, avec des croquis et des notes ou je détaille un maximum d’éléments qui me serviront lors de la réalisation de mes planches originales. Mais je laisse toujours une part d’imprévu. Ensuite, cela devient un jeu de prendre mes couleurs, tester une forme, son emplacement, faire passer une lumière ici, une ombre là… Tout cela n’est pas pensé à l’avance, cela vient en travaillant.

Tu as développé une technique bien précise, le collage. Pourquoi travailles-tu avec des papiers découpés ?

Le collage permet de créer des univers assemblés. J’aime bien l’idée de faire coexister des choses, de les coller. J’aime jouer avec les points de vue, les cadrages. Ça me permet de rentrer dans une matière de l’image en elle-même.
J’aime donner à voir cette accumulation de matières et de formes, créer des images complexes dans lesquelles il y a beaucoup d’éléments à regarder un peu partout. À la première lecture, on va voir certaines choses, mais d’autres échapperont au premier regard et seront découvertes lors d’une deuxième lecture.
Avec le découpage et le collage, je plonge directement dans la matière colorée. Je ne dessine pas avant de couper. J’aime être dans un mouvement libre, “lâché” et spontané.