Dans l’univers de Valentine Laffitte
Les illustrations de Valentine Laffitte ont du volume, de la texture, de la légèreté. Composées de papiers peints puis découpés, ses planches font la part belle aux couleurs comme à la matérialité.
Petite peur bleue, son premier album, est paru chez Versant Sud jeunesse dans la collection les Pétoches. Il commence une nuit de tempête, alors qu’un orage déchire le ciel. Le jeune Amos, apeuré, rencontre une petite boule bleue, une petite peur bleue. Peu à peu, Amos noue un dialogue avec ce petit être et l’apprivoise.
Nous avons souhaité vous faire découvrir le bel univers de Valentine Laffitte, une illustratrice originaire du sud-ouest de la France.
Valentine, quel est ton parcours ?
J’ai plongé dans le domaine artistique en choisissant les arts appliqués au lycée. J’ai obtenu mon bac et entamé mon parcours en illustration en partant à Paris pour faire un DMA illustration au lycée Auguste Renoir. J’ai ensuite finalisé ma formation à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, où j’ai obtenu un master en illustration.
La technique des papiers découpés et collés, que tu utilises dans Petite peur bleue, est particulière. Pourquoi celle-là et comment y es-tu venue ?
La technique du collage est présente dans mon travail depuis longtemps. Même quand je dessine j’aime cette idée de fragment et que le support du papier réunit tout un ensemble d’éléments et d’informations : des espaces différents, des scènes, des histoires différentes et qui cohabitent sur une même page.
J’ai commencé à travailler cette technique en 2013, lors de mon projet de master aux Beaux-Arts, Vue d’en haut. C’est un livre dans lequel le fait de prendre de la hauteur donnait une certaine homogénéité tout en parlant d’un paysage hétérogène, alors que ce qui est observé d’en bas, à notre hauteur est hiérarchisé. J’ai pu travailler ces vues d’en haut, ces illustrations comme des paysages, peignant mes fonds et découpant de larges surfaces et en y faisant apparaître une narration avec des personnages identifiables. Le collage m’est apparu comme un moyen de parler d’un ensemble composé de plusieurs humanités, d’une multitude d’éléments.
Le collage fait partie d’un processus qui me permet de construire l’image de manière physique. Il crée du volume et un mouvement, une épaisseur et une matière : je déplace mes éléments, et monte progressivement mon image en sachant très bien que tout va probablement changer et évoluer au fur et à mesure.
Je travaille avec des croquis préparatoires ayant très peu d’informations… Je cerne un thème, une ambiance et je pars à l’aventure. Je découpe les premières formes et en fonction de leur interaction, en fonction de l’espace, l’image se construit et les éléments remplissent la page…
Comment t’es venue l’histoire de Petite peur bleue ?
J’ai toujours eu une peur bleue des orages, depuis que je suis toute petite. J’étais terrorisée à l’idée que des choses horribles surgissent pendant ces nuits-là. Petite peur bleue est venue comme ça.
J’avais envie de créer un décalage et de donner à la peur une forme et une humanité et créer ainsi un petit personnage à la fois réel et imaginaire qui pouvait parler et ressentir… Et en suivant l’amitié naissante entre Amos et sa petite peur bleue, finalement amener le lecteur à approcher ce sentiment et à l’apprivoiser.
Le thème de la peur est inépuisable. À travers la collection Les Pétoches ! les auteurs explorent et accompagnent les lecteurs dans un imaginaire unique qui nous plonge dans l’universalité de ce sentiment.
L’univers de la maison, du quotidien, est très présent dans ton livre. En quoi cela t’intéressait-il de travailler dessus ?
La peur vient de l’extérieur et de cette nuit d’orage où une tempête déchire le ciel et terrorise Amos qui est tout seul à l’affronter… Développer l’univers de la maison, l’espace intérieur et le quotidien était donc très important ici.
Je voulais que la maison soit l’extension d’Amos, son refuge, un lieu où il se sent en confiance et protégé de cette menace. Je voulais que l’intérieur soit doux et coloré, accueillant et chaleureux, un lieu de vie positif et vivant.
Il s’agit de ton premier livre, qu’as-tu appris en le faisant ?
Ce livre m’a permis de me confronter au rythme du projet d’un livre pour enfants, de rencontrer les personnes qui sont derrière cette aventure et de rêver à la finalité de le tenir entre mes mains.
Avec ce premier livre, j’ai pu être auteur et donc travailler l’écriture de l’histoire, le séquençage, le rythme… Ce travail du texte s’est très vite complété par celui de l’image.
Faire ce livre m’a permis en tant qu’auteur-illustrateur d’envisager la globalité du travail : de l’écriture à la précision des images tout en veillant à la belle rencontre et à la cohérence des deux.
Découvrez-en plus dans cet article de Kurt Snoekx (Bruzz) consacré Valentine Laffitte.