Dans l’univers de Giovanni Colaneri

Lorsque nous avons découvert les illustrations de Giovanni Colaneri, le coup de cœur a été immédiat ! Nous sommes tombés sous le charme de son univers graphique coloré.

BzzzBzzz est un livre muet et bourré de détails. Paru ce printemps, il nous emmène autour des bâtiments, des arbres et des gens, dans une ville inspirée de celle de Naples.

Chaque planche est un émerveillement, un monde à découvrir, joyeux et plein de vie. L’œil se promène à la découverte des personnages et des lieux. Nous avons voulu vous faire mieux connaitre son jeune et talentueux auteur-illustrateur italien.

Giovanni, peux-tu te présenter au public francophone ? Quel est ton parcours ? Qu’est-ce qui t’a amené à la réalisation d’albums pour enfants ?

Je suis née à Isernia le 26 septembre 1991. J’ai étudié au lycée classique de ma petite ville, puis je me suis envolé pour Florence où j’ai étudié la gravure à l’Académie des Beaux-Arts. C’est là que j’ai commencé à redécouvrir qui j’étais et ce que je voulais vraiment faire. Ensuite, je suis allé étudier l’illustration à l’ISIA d’Urbino, et puis me voilà ! J’éprouve un besoin profond d’écrire et d’illustrer des livres, sans ça je ne suis rien.

Quel est le point de départ de BzzzBzzz ? Pourquoi t’as-tu lancé dans ce projet ?

Ce livre est une histoire vraie, car c’est exactement ce qui m’est arrivé : un jour de printemps, une abeille a survolé les fleurs de mon balcon. Cela a suscité en moi tant d’émerveillement et d’étonnement que j’en ai fait un livre. Le centre historique de Naples, où je vis actuellement, n’est pas réputé pour avoir beaucoup d’espaces verts, alors la présence d’abeilles et de nombreux autres insectes est vraiment surprenante pour une métropole aussi dense. J’ai donc pensé à cette abeille et aux endroits où elle pourrait se rendre dans la ville avant de retourner à mes fleurs ou à sa ruche, et c’est ainsi que le livre est né.

Peux-tu nous parler des lieux représentés dans le livre ?

Ce sont les endroits les plus vivants de Naples, ceux que je connais peut-être le mieux et que les Napolitains reconnaissent. Je pourrais faire un autre livre avec d’autres lieux et ce serait complètement différent, parce que Naples est une ville aux mille contrastes et couleurs (comme le chantait Pino Daniele) et sera toujours reconnaissable par ses habitants ou par ceux qui y sont allés. Les lieux ne sont qu’un prétexte, ils sont la toile de fond de la scène parce que les protagonistes sont les personnes : il n’y en a pas deux pareilles et chacune a sa propre histoire. Car le monde que nous habitons est ainsi fait.

Tes illustrations sont un régal ! Parlons technique : quels outils (manuels ou numériques) utilises-tu ?

Merci beaucoup ! Je suis un amoureux du papier, je ne m’en séparerai donc pas facilement, même si j’utilise aussi des outils numériques. Je commence toujours avec des crayons de couleurs, des aquarelles et des marqueurs. Parfois, j’expérimente et j’utilise des peintures à l’huile, des craies et tout ce qui peut laisser une trace sur le papier ou changer la couleur. Ensuite, je scanne le dessin et poursuis le travail numériquement : parce que le fichier à livrer à l’éditeur est numérique, mais aussi parce qu’il est parfois plus rapide d’obtenir un certain degré de couleur ou une certaine atmosphère en digital.

Par quelles étapes es-tu passé pour créer ce livre ?

L’abeille qui allait de fleur en fleur, je l’ai immédiatement appelée Pippini (titre original en italien) et j’ai ensuite dessiné les lieux qui m’inspiraient le plus pour une éventuelle visite de la ville. J’insiste sur le mot « inspiré » parce qu’ils ne sont pas identiques aux lieux réels, ils sont tels que je les ai vus (et donc Pippini aussi) et tels que je m’en souviens, tels qu’ils sont dans mon cœur. Les gens qui sont là sont tous différents les uns des autres, et les lecteurs peuvent raconter leur propre histoire en l’imaginant. Le point de départ est de chercher l’abeille pour découvrir le monde riche et varié qui l’entoure.

Quels sont les artistes qui t’inspirent ?  

Ces derniers temps, je ne sais pas pourquoi, je recommence à regarder de nombreuses images, lithographies et gravures du XVIIIe siècle. L’artiste de mon cœur sera toujours David Hockney, mais il y a tant d’autres artistes du monde entier que je regarde, regarde, dont je me souviens, que j’oublie et redécouvre par hasard. J’aime beaucoup les documentaires.

Quels sont tes prochains projets ?

À l’avenir, j’espère continuer à réaliser des projets qui naissent toujours de l’émerveillement que je ressens. Ils auront certainement une inspiration naturelle ou, au moins, ils révéleront et remettront en question quelque chose tout en respectant  différents points de vue.